L’art sert aussi à nourrir spirituellement les gens.

@sach.id - Never Was Average

Maliciouz

Qu'est-ce que la fresque de rue montréalaise #LaVieDesNoiresCompte signifie pour toi ? Et comment était l'expérience de créer une pièce aussi spectaculaire avec tous ces artistes montréalais?

Pour moi, c’est un rappel à tous que les personnes noires existent et sont là pour rester donc de s’y faire. Qu’on ne doit pas hésiter à prendre notre place ou à la faire si il n’y en a pas. Il ne faut pas être gêner d’exister, de partager qui on est, de discuter, découvrir, échanger, confronter, rayonner et tout ce que l’on juge nécessaire de faire pour bien vivre en tant que personne noire. J’ai trouvé rafraîchissant d’échanger avec des artistes afro descendants, que pour la plupart, je ne connaissais pas encore, à mon grand étonnement! Des artistes qui ont des approches artistiques très différentes de la mienne, mais avec lesquelles  je peux m’identifier. 

Peux tu nous parler de ton processus créatif ? Y-a t'il un message principal que tu tentes de communiquer à travers ton art?

Je travaille à imager la présence d’esprit, la force vitale des personnes afro-descendantes à travers des personnages que je peins à l’acrylique et à l’aérosol sur canevas et dans la rue. Dans mes œuvres, je représente majoritairement des femmes noires comme étant des entités monumentales. Ce que j’aime c’est imposer cette présence dans la rue aux yeux des gens, de la même manière que l’on nous impose des publicités non sollicitées.

Comment es-tu arrivé au concept artistique pour ta lettre dans la fresque de rue #LaVieDesNoiresCompte?

Pour cette fresque, je me suis adaptée à la lettre ‘’N’’ en représentant deux personnages afro-descendants dans des couleurs vives et contrastées avec tous deux une couronne et un regard francs de manière à ce qu’on puisse bien se rappeler de leur traits et de leur prestance, même en les ayant vu que pour une seconde. J’ai voulu faire une image claire, simple, et belle où je nous célèbre.

Comment est-ce que la crise sociale actuelle (COVID & BLM) a affecté ta carrière, ton art ou ton processus créatif? Penses tu que l'art joue un rôle dans le combat contre les injustices raciales et la brutalité policière?

Je prévoyais voyager dans 3 pays et présenter une expo solo à Montréal, j’ai dû tout annuler pour rester chez moi à cause de la pandémie en plus d’avoir été coincé dans un autre pays. Bref, j’ai trouvé fort intéressant le revirement que j’ai vu dans le milieu artistique au niveau de la diffusion de mon art puisque internet est devenu la plateforme de choix pour tous, et cela autant pour les artistes, les créateurs indépendants, que pour les institutions contingentés. Le début du confinement était un moment très stressant, ce qui ne m’a pas donné envie de créer. Ensuite, toute la mouvance suite à la tragédie de George Floyd m’a confirmer que je devais poursuivre mes projets en force car ça fait plusieurs années que je travail à créer des œuvres liées aux questions raciales, identitaires et sociales dont on parle en ce moment. Je dois juste continuer à faire ce que je fais et m’assurer de donner le plus de portée à mes œuvres. 

Je pense que le rôle de l’art dans les combats est au niveau de la communication entre nous et avec le reste du monde. On l’utilise pour imager ce qu’on dit, ce qu’on vit, ce qu’on est, ce qu’on veut, ce qu’on n’accepte pas, ce qu’on n’est au delà de tout ça. L’art sert aussi à nourrir spirituellement les gens.

Individuellement, ou en communauté, quelles sont les actions que nous pourrions prendre pour mieux encourager les artistes noir.e.s?

La première des choses serait simplement de communiquer avec les artistes. Je pense que la conversation est une de nos plus grandes richesses sociales. On a tous déjà eu une conversation qui nous a nourri spirituellement pendant longtemps. Beaucoup de pratiques artistiques sont solitaires et peuvent être supportées et enrichies par des échanges avec des gens qui ont été impactés par les oeuvres d’un.e artiste. Après évidemment il y a le support en personne, en partageant pour augmenter la visibilité de ce qu’on fait et puis par l’achat de nos oeuvres. Un des changements que j’aimerais voir dans le milieu artistique canadien, québécois, montréalais est que les galeries et institutions contingentées arrivent en 2020. C’est-à-dire qu’elles osent enfin refléter le monde dans lequel on vit, car non le monde utopique blanc immaculé qu’elles tentent de projeter n’existe pas, en plus d’être boring af.


À PROPOS DE MALICIOUZ
Peintre et muraliste, MALICIOUZ est une artiste en arts visuels montréalaise d’origine haïtienne reconnue pour son art afro, urbain, contemporain. Sa démarche artistique se caractérise par la force d'esprit qui se dégage de ses personnages, majoritairement des femmes noires qu'elle  présente dans ses œuvres comme étant des entités monumentales. En 2018, MALICIOUZ présentait sa plus récente exposition solo intitulée Matriarche. Elle organisa une conférence dans le cadre de cette exposition. Elle fut également invitée à plusieurs reprises en tant que panéliste à des conférences aux universités de Sherbrooke, McGill et Concordia, ainsi que dans la Prison Centre Fédéral de Formation et autres centre d’arts et galerie pour exprimer sa vision de l’afro-futurisme, la culture du graffiti, de la place des femmes et des personnes noires dans la société Québécoise puis dans le milieu des arts. 
Au cours des dernières années, elle expose plusieurs fois de manière collective à la Fresh Paint Gallery, à L’OCAD University, à L’Espace Mushagalusa, au Musée des Beaux-Arts de Montréal qui présentait l'exposition le 4e mur ainsi qu'au Musée National des Beaux Arts du Québec dans l'exposition Fugitifs. Elle expose également à l’hôtel Ivoire à Abidjan dans le cadre du festival Afropolitain Nomades. Elle fit de nombreuses prestations de peintures en direct tel qu’au Musée d'Art de Joliette, aux compétitions Art Battle dont elle fut la gagnante à plusieurs reprises. Ses œuvres font désormais parties des collections publiques de Patrimoine Canadien, de la  fondation Michaëlle Jean ainsi que de la ville de Sorel Tracy.  
Passionnée et déterminée à partager son art au reste du monde, MALICIOUZ poursuit son parcours à travers la création d’art mural notamment au Festival de graffiti Under Pressure, dans les rues de Montréal, Brooklyn ainsi qu’en Haïti où elle réalisa 6 murales collaboratives dans plusieurs villes dans le cadre du projet l’art de s’unir. Récemment, elle a réalisé des murales à Abidjan en Côte d’Ivoire ainsi qu’à Douala au Cameroun où elle participa au Douala’Music Art  Festival.  Ainsi rapidement, MALICIOUZ voit son art publié et couvert par plusieurs médias locaux et internationaux. En 2019, elle reçoit le prix de l'artiste visuel de l'année du Gala Dynastie.

The Creative Team

Never Was Average (NWA)

Never Was Average (NWA)

We are human connectors and culture makers facilitating social change through the power of conversation, community and culture.

Nous sommes des connecteurs et des créateurs de culture qui facilitent l'impact social grâce au pouvoir de la conversation, de la communauté et de la culture.

https://neverwasaverage.com
Previous
Previous

L’art est politique.

Next
Next

We need to decolonize the practice of buying art.