Ce travail là est politique!

@sach.id - Never Was Average

Awa Banmana

Qu'est-ce que la fresque de rue montréalaise #LaVieDesNoiresCompte signifie pour toi ? Et comment était l'expérience de créer une pièce aussi spectaculaire avec tous ces artistes montréalais?

Premièrement, j'ai été très honoré d'avoir été considérée pour prendre part à cette fresque. Pour quelqu'un comme moi, qui vient d'arriver à Montréal depuis seulement quelques années, et qui souhaiterais faire de l'art dans une perspective professionnelle, ce fut une grande opportunité. Il a également la part militante de ce travail qui me tient énormément à cœur. Cette fresque arrive à un moment historique et j'ai espoir que nous amorçons présentement une nouvelle vague de mouvement pour les droits civiques. En tant qu'artistes Noir.e.s, il est de notre devoir d'utiliser notre pouvoir pour ne pas abandonner le travail de nos ancêtres. Nous luttons pour nos droits depuis des générations partout dans le monde et nous, militant.e.s de la nouvelle génération, continuons le travail avec des actions comme celles-ci. 

Peux tu nous parler de ton processus créatif ? Y-a t'il un message principal que tu tentes de communiquer à travers ton art?

Je me définis comme féministe intersectionelle, par conséquent la premiere partie de mon travail est toujours d'essayer de me situer identitairement et politiquement dans l'oeuvre. Je suis métisse, Sénégalo- Burkinabé et Espagnol et Queer. Rien qu'avec cela il a beaucoup de chose à dire, car l'histoire des peuples Mandigues et de nos diasporas, la relation avec mon héritage blanc, mon appartenance à la diversité de genre et de sexualité etc. sont des perspectives très contemporaines. Encore une fois, j'essaie d'être critique et de réfléchir à la place de mes communautés dans le monde politique actuel et de mettre ce travail à profit dans les luttes anti-oppressives.

Comment es-tu arrivé au concept artistique pour ta lettre dans la fresque de rue #LaVieDesNoiresCompte?

J'ai entrepris de faire une œuvre qui englobait une variété d'icônes de la culture africaine et de personnalité afrodescendante du domaine artistique et culturelle. Ainsi je tente de rendre hommage aux œuvres de Shanna Strauss avec les alvéoles, à la poétesses Audre Lorde, à l'actrice Michaela Coel, mais aussi à mon héritage culturelle West Africain et Bambara. L'ensemble de ces éléments aux origines géographiques et culturelles différentes est un rappel au fait qu'être Noir.e c'est être aussi large et fragmenté que le monde.

Comment est-ce que la crise sociale actuelle (COVID & BLM) a affecté ta carrière, ton art ou ton processus créatif? Penses tu que l'art joue un rôle dans le combat contre les injustices raciales et la brutalité policière?

Quand Covid à débuter je devais partir au Sénégal tourner un documentaire sur l'histoire de ma famille dans le cadre de mon mémoire et voir ma famille que je n'ai pas vu depuis des années. En tant que jeune artiste, immigrant.e, perdre mon emploi, la précarité de ma famille à l'étranger et un certain nombre de décès m'avait déjà lourdement affecté avant l'assassinat de Georges Floyd. Malgré tout, rien ne peut m'empêcher d'aller peindre la ville, manifester contre la brutalité policière ou manifester contre le racisme et colonialisme. Je commence à comprendre que la lutte va être longue mais c'est pour ça qu'on apprend aujourd'hui à prendre soin de notre santé mentale et physique, parce qu'on est là pour durer !

Individuellement, ou en communauté, quelles sont les actions que nous pourrions prendre pour mieux encourager les artistes noirs?

Partager, liker, payer, collaborer, soutenir, comprendre, écouter, etc. de la même façon qu'on soutient n'importe quel personne. Ce dont nous avons besoin communautairement je pense c'est que les institutions étatiques, municipales, provinciales, publiques, privées, culturelles, universitaires etc. donnent des opportunités et soient à l'écoute de nos projets et de la situation actuelle dans laquelle nous sommes. D'un point de vu individuel, je dirais que nous avons vraiment besoin de pratiquer et de nous encourager à prendre soin de nos santés mentales. Nous sommes épuisé.e.s et nous méritons de nous sentir bien et ce travail là est politique et RÉVOLUTIONNAIRE !


À PROPOS D’AWA BANMANA
Awa Banmana est une artiste pluridisciplinaire Queer Afropéenne (Française et Sénégalaise).  Après avoir immigrée à Tiohtià:ke il y a 5 ans, elle rédige présentement, à l'Université de  Montréal, un mémoire dédié à l'étude des rapports entre la construction de son identité racial et ses pratiques créatives. Dans le cadre de son mémoire elle réalise aussi son premier documentaire intitulé "Naa" dédié à l'exploration de l'identité Noire au sein de sa propre famille. Parallèlement à ses travaux scientifiques et cinématographiques Banmana façonne, depuis plusieurs années, une oeuvre mixed-media autoethnographique intitulée "DOCUMENTING MY QUEER LIFE". Le projet se représente aujourd'hui sous la forme d'un important ensemble d'oeuvres vidéos, de photographies, de peintures et de graffiti, archivant son quotidien en temps que personnes Queer et Afropéen.ne. Des extraits sont disponible gratuitement sur son compte Instagram @awa_banma

The Creative Team

Never Was Average (NWA)

Never Was Average (NWA)

We are human connectors and culture makers facilitating social change through the power of conversation, community and culture.

Nous sommes des connecteurs et des créateurs de culture qui facilitent l'impact social grâce au pouvoir de la conversation, de la communauté et de la culture.

https://neverwasaverage.com
Previous
Previous

We need to decolonize the practice of buying art.

Next
Next

My process isn’t really linear.